Comme un grand vortex.

De mes plus lointains souvenirs je me rappelle que j’étais dans le Rhode Island avec mes sœurs ma mère et mon père, du Québec aux USA j’ai eu le mal des transports, ma mère découpait des petits morceaux de papier journal qu’elle me mettait sur le torse, je tenais aussi un cornet fait de ce même journal au cas où…

Il y avait sur le bord de la mer au haut de la plage, sur le boardwalk, un cirque avec une tente et des manèges. Je me souviens des odeurs de pop-corn, de barbe à papa et de clams-cakes. Mon père raffolait de ces biscuits aux mollusques et il voulait vraiment m’y faire goûter. Mon goût n’était pas fait à ce genre de nourriture  frite et grasse, mon estomac de sept ans, le bruit, les lumières, les manèges, je sentais ma têtes tourner jusqu’au moment où il me fit monter dans la grande roue d’où je pouvais saisir tout le paysage d’un seul coup–d’œil, je me sentais aspirer par un grand vortex, je sentais mes pieds se dérober sous moi puis le grand bonheur est apparu. Je me suis  soulagé sur les gens du siège d’en dessous.

Ces jours-ci, je sens le même vertige, le même vortex qui m’aspire, ce n’est pas les biscuits aux clams mais le melphalan, toute la journée j’espère au soulagement mais il ne peut-être que temporaire et médicamenté car ni mon estomac ni mon œsophage ne pourraient supporter de reflux sous peine de lésions.

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4 Commentsto Comme un grand vortex.

  1. Louise Salvail dit :

    Bonjour Reno,

    Je ne me souvenais pas de cette histoire, je devais avoir 5 ou 6 ans… je me souviens par contre de nos voyages chez oncle Marcel. Ça m’a fait bien rire de lire le dénouement de ton aventure dans la grande roue… pauvres gens en bas…

    Il est vrai que les jours passent, mais chaque seconde, chaque minute, est un pas vers l’avant, ta libération, la nouvelle vie qui t’attend, tes futures aventures par delà les mers…

    Je pense à toi très fort,

    Je t’embrasse,

  2. Andrée G. dit :

    Bonjour Reno,
    Quand j’ai écrit dans ce blog que je te percevais comme un maître de bien des univers je référais à celui des images, tes photos sont magnifiques, et ta plume, cette manière que tu as d’écrire, et le conteur fabuleux que tu es. Tu es capable de faire naître tant de sens et de beauté. Merci encore à l’artiste, à l’ami. Tu es là à faire tout un boulot et tu donnes. Merci Reno pour ton courage et ta force même aspiré par ce vortex. Je suis avec toi, je t’offre l’eau du lac, mon jogging matinal, le vent dans les feuilles, le chant des différents oiseaux et spécialement celui du couple de huards, je t’offre tous les verts et toute la lumière de l’été. Je sais que tu vas y arriver. Je devine aussi comment c’est… (je n’arrive pas à trouver le mot juste) il y en a trop qui traversent mon esprit et je n’ose pas, il n’y a que toi qui a le droit de le faire.
    De tout mon coeur
    Andrée

  3. micheline dit :

    Bonjour Reno,
    Moi aussi je me souviens de ce voyage comme si c »etait hier,et de cette anecdote en particulier, j’y pense chaque fois que je vois une grande roue.
    Esperant que ces nausees cessent au plus tot.
    Je pense a toi, Je t.embrasse.

  4. Gérard Fournier dit :

    Bonjour Reno
    Les images se répondent et les sensations oubliées reviennent: l’enfance, dans notre vie, n’est jamais loin et c’est un terreau pour l’imaginaire de bien des artistes.
    Ce vortex qui t’aspire t’a ramené là et il disparaîtra mais ce souvenir de ton enfance, lui, il restera.
    Dans un coin de ma tête, tu es là bien présent.
    Amitiés